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l’archipel en feu.

« Je saurai quel est cet homme ! s’écria-t-il. Celui-là, quel qu’il soit, je le connaîtrai !… J’arriverai jusqu’à lui !… Je lui parlerai… et il faudra bien qu’il me réponde ! »

Le jeune officier ne devait pas tarder à apprendre quel était son rival. En effet, il le vit entrer dans la maison de banque ; il le suivit lorsqu’il en sortit ; il l’épia jusqu’au port, où l’attendait son canot au pied du môle ; il le vit regagner la sacolève, mouillée à une demi-encablure au large.

C’était Nicolas Starkos, le capitaine de la Karysta.

Cela se passait le 27 octobre. Des renseignements précis qu’Henry d’Albaret put obtenir, il résultait que le mariage de Nicolas Starkos et d’Hadjine Elizundo était très prochain, car les préparatifs se faisaient avec une sorte de hâte. La cérémonie religieuse avait été commandée à l’église de Saint-Spiridion pour le 30 du mois, c’est-à-dire à la date même, qui avait été antérieurement fixée au mariage d’Henry d’Albaret. Seulement, le fiancé, ce ne serait plus lui ! Ce serait ce capitaine, qui venait on ne sait d’où pour aller où l’on ne savait !

Aussi Henry d’Albaret, en proie à une fureur qu’il ne pouvait plus maîtriser, était-il résolu à provoquer Nicolas Starkos, à l’aller chercher jusqu’au pied de l’autel. S’il ne le tuait pas, il serait tué, lui, mais