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l’inattendu.

celui-ci, sans autre préambule, mais les yeux baissés, lui disait d’une voix altérée par l’émotion :

« Hadjine, il faut… il faut renoncer au mariage projeté avec le capitaine Henry d’Albaret !

— Que dites-vous, mon père ?… s’écria la jeune fille, que ce coup imprévu atteignit en plein cœur.

— Il le faut, Hadjine ! répéta Elizundo.

— Mon père, me direz-vous pourquoi vous reprenez votre parole, à lui et à moi ? demanda la jeune fille. Je n’ai pas l’habitude de discuter vos volontés, vous le savez, et, cette fois, je ne les discuterai pas davantage, quelles qu’elles soient !… Mais, enfin, me direz-vous pour quelle raison je dois renoncer à épouser Henry d’Albaret ?

— Parce qu’il faut, Hadjine… il faut que tu sois la femme d’un autre ! » murmura Elizundo.

Sa fille l’entendit, si bas qu’il eût parlé.

« Un autre ! dit-elle, frappée non moins cruellement par ce second coup que le premier. Et cet autre ?…

— C’est le capitaine Starkos !

— Cet homme !… cet homme ! »

Ces mots s’échappèrent involontairement des lèvres d’Hadjine qui se retint à la table pour ne pas tomber. Puis, dans un dernier mouvement de révolte que cette résolution provoquait en elle :