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l’archipel en feu.

— Je préfère commencer par celle qui ne l’est pas, répliqua le capitaine d’un ton tranchant.

— Soit, Nicolas Starkos ! De quoi s’agit-il ?

— Il s’agit d’un convoi de prisonniers, dont nous devons prendre livraison à Arkadia. Il y a là deux cent trente-sept têtes, hommes, femmes et enfants, qui vont être transportés à l’île de Scarpanto, d’où je me charge de les conduire à la côte barbaresque. Or, vous le savez, Elizundo, puisque nous avons souvent fait des opérations de ce genre, les Turcs ne livrent leur marchandise que contre argent ou contre du papier, à la condition qu’une bonne signature lui donne une valeur certaine. Je viens donc vous demander votre signature, et je compte que vous voudrez bien l’accorder à Skopélo, quand il vous apportera les traites toutes préparées. — Cela ne fera aucune difficulté, n’est-il pas vrai ? »

Le banquier ne répondit pas, mais son silence ne pouvait être qu’un acquiescement à la demande du capitaine. Il y avait d’ailleurs des précédents qui l’engageaient.

« Je dois ajouter, reprit négligemment Nicolas Starkos, que l’affaire ne sera pas mauvaise. Les opérations ottomanes prennent une mauvaise tournure en Grèce. La bataille de Navarin aura de funestes conséquences pour les Turcs, puisque les puissances