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l’archipel en feu.

commerce de l’Archipel, n’échappera pas à son sort !

— Ce sera difficile, en effet, répondit Nicolas Starkos.

— Et, ajouta le négociant anglais, si vous voyez la ville en émoi, si toute la population s’est portée sur l’esplanade, c’est pour assister à l’appareillage de la Syphanta qui sera saluée de plusieurs milliers de hurrahs, quand elle descendra le canal de Corfou ! »

Nicolas Starkos savait, sans doute, tout ce qu’il désirait savoir. Il remercia ses interlocuteurs. Puis, se levant, il alla de nouveau se mêler à la foule qui remplissait l’esplanade.

Ce qui avait été dit par ces Anglais et ces Corfiotes n’avait rien d’exagéré. Il n’était que trop vrai ! Depuis quelques années, les déprédations de Sacratif se manifestaient par des actes révoltants. Nombre de navires de commerce de toutes nationalités avaient été attaqués par ce pirate, aussi audacieux que sanguinaire. D’où venait-il ? Quelle était son origine ? Appartenait-il à cette race de forbans, issus des côtes de la Barbarie ? Qui eût pu le dire ? On ne le connaissait pas. On ne l’avait jamais vu. Pas un n’était revenu de ceux qui s’étaient trouvés sous le feu de ses canons, les uns tués, les autres réduits à l’esclavage. Les bâtiments qu’il montait, qui eût pu les signaler ? Il passait incessamment d’un bord à un autre. Il