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l’archipel en feu.

Le capitaine de la Karysta s’aperçut aussitôt de l’effet que produisait son ignorance. Aussi se hâta-t-il d’ajouter :

« Je suis étranger, messieurs. J’arrive à l’instant de Zara, autant dire du fond de l’Adriatique, et je ne suis point au courant de ce qui se passe dans les îles Ioniennes.

— Dites alors de ce qui se passe dans l’Archipel ! s’écria le Corfiote, car, en vérité, c’est bien l’Archipel tout entier que Sacratif a pris pour théâtre de ses pirateries !

— Ah ! fit Nicolas Starkos, il s’agit d’un pirate ?…

— D’un pirate, d’un forban, d’un écumeur de mer ! répliqua le gros Anglais. Oui ! Sacratif mérite tous ces noms, et même tous ceux qu’il faudrait inventer pour qualifier un pareil malfaiteur ! »

Là-dessus l’Anglais souffla un instant pour reprendre haleine. Puis :

« Ce qui m’étonne, monsieur, ajouta-t-il, c’est qu’il puisse se rencontrer un Européen qui ne sache pas ce qu’est Sacratif !

— Oh ! monsieur, répondit Nicolas Starkos, ce nom ne m’est pas absolument inconnu, croyez-le bien ; mais j’ignorais que ce fût lui qui mît aujourd’hui toute la ville en révolution. Est-ce que Corfou est menacée d’une descente de ce pirate ?