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l’archipel en feu.

parcourir une grande partie du canal de Corfou, fermé comme un lac jusqu’aux montagnes d’Albanie, que le soleil couchant dorait à leur cime.

Puis, en se tournant du côté du port, le capitaine de la Karysta observa qu’il s’y faisait un mouvement très prononcé. De nombreuses embarcations se dirigeaient vers les navires de guerre. Des signaux s’échangeaient entre ces navires et le mât de pavillon dressé au sommet de la citadelle, dont les batteries et les casemates disparaissaient derrière un rideau d’aloès gigantesques.

Évidemment — et, à tous ces symptômes, un marin ne pouvait s’y tromper — un ou plusieurs navires se préparaient à quitter Corfou. Si cela était, la population corfiote, on doit le reconnaître, y prenait un intérêt vraiment extraordinaire.

Mais déjà le soleil avait disparu derrière les hauts sommets de l’île, et, avec le crépuscule assez court sous cette latitude, la nuit ne devait pas tarder à se faire.

Nicolas Starkos jugea donc à propos de quitter la terrasse. Il redescendit sur l’esplanade, laissant en cet endroit la plupart des spectateurs qu’un sentiment de curiosité y retenait encore. Puis, il se dirigea d’un pas tranquille vers les arcades de cette suite de maisons, qui borne le côté ouest de la place d’Armes.