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l’archipel en feu.

levis était baissé devant la statue du maréchal de Schulembourg.

Nicolas Starkos se mêla à cette foule. Il vit clairement qu’elle était sous l’empire d’une émotion peu ordinaire.

N’étant point homme à interroger, il se contenta d’écouter. Ce qui le frappa, ce fut un nom, invariablement répété dans tous les groupes avec des qualifications peu sympathiques — le nom de Sacratif.

Ce nom parut d’abord exciter quelque peu sa curiosité ; mais, après avoir légèrement haussé les épaules, il continua à descendre l’esplanade jusqu’à la terrasse qui la termine en dominant la mer.

Là, un certain nombre de curieux avaient pris place autour d’un petit temple de forme circulaire, qui venait d’être récemment élevé à la mémoire de sir Thomas Maitland. Quelques années plus tard, un obélisque allait y être érigé en l’honneur de l’un de ses successeurs, sir Howard Douglas, pour faire pendant à la statue du Haut Lord Commissaire actuel, Frédérik Adam, dont la place était déjà marquée devant le palais du gouvernement. Il est probable que, si le protectorat de l’Angleterre n’eût pris fin en faisant rentrer les îles Ioniennes dans le domaine du royaume hellénique, les rues de Corfou auraient été encombrées par les statues de ses gouverneurs. Toutefois,