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nouveau personnage.


VI

dans lequel le lecteur est appelé à faire connaissance avec un nouveau personnage.


Le voyage était commencé. Ce n’était pas le difficile, on en conviendra volontiers.

Ainsi que le répétait souvent le professeur Tartelett, avec une incontestable logique :

« Un voyage commence toujours ! Mais où et comment il finit, c’est l’important ! »

La cabine occupée par Godfrey s’ouvrait, au fond de la dunette du Dream, sur le carré d’arrière, qui servait de salle à manger. Notre jeune voyageur était installé là aussi confortablement que possible. Il avait offert à la photographie de Phina la meilleure place sur le mieux éclairé des panneaux de sa chambre. Un cadre pour dormir, un lavabo pour sa toilette, quelques armoires pour ses vêtements et son linge, une table pour travailler, un fauteuil pour s’asseoir, que lui fallait-il de plus, à ce passager de vingt-deux ans ? Dans ces conditions, il aurait fait vingt-deux fois le tour du monde ! N’était-il pas à l’âge de cette philosophie pratique que constituent la belle santé et la bonne humeur ? Ah ! jeunes gens, voyagez si vous le pouvez, et si vous ne le pouvez pas… voyagez tout de même !

Tartelett, lui, n’était plus de bonne humeur. Sa cabine, près de la cabine de son élève, lui semblait bien étroite, son cadre bien dur, les six yards superficiels qu’elle occupait en abord, bien insuffisants pour qu’il y pût répéter ses battus et ses pas de bourrée. Le voyageur, en lui, n’absorberait-il donc pas le professeur de danse et de maintien ? Non ! C’était dans le sang, et, lorsque Tartelett arrivera à l’heure de se coucher pour le dernier sommeil, ses pieds se trouveront encore placés en ligne horizontale, les talons l’un contre l’autre, à la première position.

Les repas devaient se prendre en commun, et c’est ce qui fut fait, — Godfrey