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l’école des robinsons

Le 9 juin, on était prêt. Le Dream n’avait plus qu’à appareiller. Ses papiers, connaissement, charte-partie, police d’assurance, étaient en règle, et, deux jours avant, le courtier de la maison Kolderup avait envoyé les dernières signatures.

Ce jour-là, un grand déjeuner d’adieu fut donné à l’hôtel de Montgomery-Street. On but à l’heureux voyage de Godfrey et à son prompt retour.

Godfrey ne laissait pas d’être assez ému, et il ne chercha point à le cacher. Phina se montra plus ferme que lui. Quant à Tartelett, il noya ses appréhensions dans quelques verres de champagne, dont l’influence se prolongea jusqu’au moment du départ. Il faillit même oublier sa pochette, qui lui fut rapportée à l’instant où on larguait les amarres du Dream.

Les derniers adieux furent faits à bord, les dernières poignées de main s’échangèrent sur la dunette ; puis, la machine donna quelques tours d’hélice, qui firent déborder le steamer.

« Adieu ! Phina.

— Adieu ! Godfrey.

— Que le ciel vous conduise ! dit l’oncle.

— Et surtout qu’il nous ramène ! murmura le professeur Tartelett.

— Et n’oublie jamais, Godfrey, ajouta William W. Kolderup, la devise que le Dream porte à son tableau d’arrière :

Confide, recte agens.

— Jamais, oncle Will ! Adieu, Phina !

— Adieu ! Godfrey. »

Le steamer s’éloigna, les mouchoirs s’agitèrent, tant qu’il resta en vue du quai, même un peu au delà.

Bientôt cette baie de San-Francisco, la plus vaste du monde, était traversée, le Dream franchissait l’étroit goulet de Golden-Gate, puis il tranchait de son étrave les eaux du Pacifique : c’était comme si cette « Porte d’or » venait de se refermer sur lui.