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à bord de la « clorinda ».

Certainement, à eux deux, les frères Melvill n’auraient pu répondre à cette double question, posée d’un ton qui n’admettait ni échappatoire ni faux-fuyant.

Olivier Sinclair était là, — heureusement :

« Miss Campbell, dit-il, tout peut s’arranger, voici comment. Il est près d’ici une île, ou plutôt un simple îlot, très convenable pour nos observations, et sur cet îlot aucun importun ne viendra nous déranger.

— Quel est-il ?

— C’est Staffa, que vous pouvez apercevoir à deux milles au plus dans le nord d’Iona.

— Y a-t-il moyen d’y vivre et possibilité de s’y rendre ? demanda miss Campbell.

— Oui, répondit Olivier Sinclair, et très facilement. Dans le port d’Iona, j’ai vu un de ces yachts toujours prêts à prendre la mer, comme il s’en trouve dans tous les ports anglais pendant la belle saison. Son capitaine et son équipage sont à la disposition du premier touriste qui voudra utiliser leurs services pour la Manche, la mer du Nord ou la mer d’Irlande. Eh bien, qui nous empêche de fréter ce yacht, d’y embarquer, des provisions pour une quinzaine de jours, puisque Staffa n’offre aucune ressource, et de partir, dès demain, aux premières lueurs du jour ?

— Monsieur Sinclair, répondit miss Campbell, si demain nous avons secrètement quitté cette île, croyez bien que je vous en aurai une profonde reconnaissance !

— Demain, avant midi, pourvu qu’un peu de brise se lève avec le matin, nous serons à Staffa, répondit Olivier Sinclair, et, sauf pendant la visite des touristes, qui, deux fois par semaine, dure à peine une heure, nous n’y serons dérangés par personne. »

Suivant l’habitude des frères Melvill, les surnoms de la femme de charge retentirent aussitôt.

« Bet !

— Beth !

— Bess !

— Betsey !

— Betty ! »

Dame Bess parut aussitôt.

« Nous partons demain ! dit le frère Sam.