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réflexion surprenante de carèfinotu

comment toute cette bande avait-elle pu si bien se cacher, que, pendant ses excursions et ses chasses, aussi bien à travers les bois du centre que dans les parties les plus reculées du sud de l’île, Godfrey n’en eût jamais trouvé aucune trace ! Où était donc la mystérieuse tanière qui venait de vomir ces lions, ces hyènes, ces panthères, ces tigres ? Entre toutes les choses inexpliquées jusqu’ici, celle-ci n’était-elle pas, vraiment, la plus inexplicable ?

Carèfinotu ne pouvait en croire ce qu’il entendait. On l’a dit, c’était même chez lui de la stupéfaction poussée à la dernière limite. À la flamme du foyer qui éclairait l’intérieur de Will-Tree, on aurait pu observer sur son masque noir la plus étrange des grimaces.

Tartelett, lui, gémissait, se lamentait, grognait, dans son coin. Il voulait interroger Godfrey sur tout cela ; mais celui-ci n’était ni en mesure, ni en humeur de lui répondre. Il avait le pressentiment d’un très grand danger, il cherchait les moyens de s’y soustraire.

Une ou deux fois, Carèfinotu et lui s’avancèrent jusqu’au milieu de l’enceinte. Ils voulaient s’assurer si la porte de l’enceinte était solidement assujettie en dedans.

Tout à coup, une avalanche d’animaux déroula avec grand bruit du côté de Will-Tree.

Ce n’était encore que le troupeau des chèvres, des moutons, des agoutis. Pris d’épouvante, en entendant les hurlements des fauves, en sentant leur approche, ces bêtes affolées avaient fui le pâturage et venaient s’abriter derrière la palissade.

« Il faut leur ouvrir ! » s’écria Godfrey

Carèfinotu remuait la tête de haut en bas. Il n’avait pas besoin de parler la même langue que Godfrey pour le comprendre !

La porte fut ouverte, et tout le troupeau épouvanté se précipita dans l’enceinte.

Mais à cet instant, à travers l’entrée libre, apparut une sorte de flamboiement d’yeux, au milieu de cette obscurité que le couvert des séquoias rendait plus épaisse encore.

Il n’était plus temps de refermer l’enceinte !

Se jeter sur Godfrey, l’entraîner malgré lui, le pousser dans l’habitation, dont il retira brusquement la porte, cela fut fait par Carèfinotu dans la durée d’un éclair.