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tartelett voudrait bien s’en aller.

Le fait pouvait être inexplicable, mais il n’était que trop réel, nous devons le reconnaître.

Godfrey, dont le sang-froid et le courage grandissaient devant les épreuves, ne se laissa pourtant pas abattre. Puisque de dangereux animaux menaçaient maintenant la petite colonie, il importait de se mettre en garde contre leurs attaques, cela sans tarder.

Mais quelles mesures prendre ?

Il fut d’abord décidé que les excursions dans les bois ou au littoral seraient plus rares, qu’on ne s’en irait que bien armé au dehors, et seulement lorsque cela serait absolument nécessaire pour les besoins de la vie matérielle.

« Nous avons été assez heureux dans ces deux rencontres, disait souvent Godfrey, mais une autre fois, nous ne nous en tirerions peut-être pas à si bon compte ! Donc, il ne faut pas s’exposer sans nécessité absolue ! »

Toutefois, il ne suffisait pas de ménager les excursions, il fallait absolument protéger Will-Tree, aussi bien l’habitation que ses annexes, le poulailler, le parc aux animaux, etc., où les fauves ne seraient pas embarrassés de causer d’irréparables désastres.

Godfrey songea donc, sinon à fortifier Will-Tree suivant les fameux plans de Tartelett, du moins à relier entre eux les quatre ou cinq grands séquoias qui l’entouraient. S’il parvenait à établir une solide et haute palissade d’un tronc à l’autre, on pourrait y être relativement en sûreté, ou tout au moins à l’abri d’un coup de surprise.

Cela était praticable, — Godfrey s’en rendit compte après avoir bien examiné les lieux, — mais c’était véritablement un gros travail. En le réduisant autant que possible, il s’agissait encore d’élever cette palissade sur un périmètre de trois cents pieds au moins. Que l’on juge, d’après cela, la quantité d’arbres qu’il faudrait choisir, abattre, charrier, dresser, afin que la clôture fût complète.

Godfrey ne recula pas devant cette besogne. Il fit part de ses projets à Tartelett, qui les approuva, en promettant un concours actif ; mais, circonstance plus importante, il parvint à faire comprendre son plan à Carèfinotu, toujours prêt à lui venir en aide.

On se mit sans retard à l’ouvrage.

Il y avait près d’un coude du rio, à moins d’un mille en amont de Will-Tree, un petit bois de pins maritimes de moyenne grosseur, dont les troncs, à défaut de madriers ou de planches, sans avoir besoin d’être préala-