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où le fusil de tartelett fait merveille.

Godfrey se retourna alors de manière à embrasser du regard tout le littoral de l’ouest.

Ce n’était qu’un vaste désert depuis Flag-Point jusqu’au delà du périmètre de Dream-Bay.

Du reste, nulle embarcation n’apparaissait à la surface de la mer. Si les naturels avaient repris leur prao, il fallait en conclure que, maintenant, il rasait le rivage, à l’abri des roches, et d’assez près pour qu’il ne fût pas possible de l’apercevoir.

Cependant Godfrey ne pouvait pas, ne voulait pas rester dans l’incertitude. Il lui importait de savoir si, oui ou non, le prao avait définitivement quitté l’île.

Or, dans le but de s’en assurer, il était nécessaire de gagner l’endroit où les naturels avaient débarqué la veille, c’est-à-dire l’embouchure même du rio, qui formait une étroite crique.

C’est ce qui fut immédiatement tenté.

Les bords du petit cours d’eau, ombragés de quelques bouquets d’arbres, étaient encadrés d’arbustes sur un espace de deux milles environ. Au delà, pendant cinq à six cents yards jusqu’à la mer, le rio coulait à rives découvertes. Cette disposition allait donc permettre de s’approcher, sans risquer d’être aperçus, près du lieu de débarquement. Il se pouvait, cependant, que les sauvages se fussent déjà hasardés à remonter le cours du ruisseau. Aussi, afin de parer à cette éventualité, il y aurait lieu de d’avancer qu’avec une extrême prudence.

Cependant Godfrey pensait, non sans raison, qu’à cette heure matinale les naturels, fatigués par une longue traversée, ne devaient pas avoir quitté le lieu de mouillage. Peut-être même y dormaient-ils encore, soit dans leur pirogue, soit à terre. En ce cas, on verrait s’il ne conviendrait pas de les surprendre.

Le projet fut donc mis à exécution sans retard. Il importait de ne pas se laisser devancer. En pareilles circonstances, le plus souvent l’avantage appartient aux premiers coups. Les fusils armés, on en vérifia les amorces, les revolvers furent également visités ; puis, Godfrey et Tartelett commencèrent à descendre, en se défilant, la rive gauche du rio.

Tout était calme aux alentours. Des volées d’oiseaux s’ébattaient d’une rive à l’autre, se poursuivant à travers les hautes branches, sans montrer aucune inquiétude.