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Lorsque cette exploration fut terminée, le soleil était assez bas sur l’horizon, et il parut convenable de remettre au lendemain les préparatifs d’une installation définitive.

Mais, cette nuit, après un repas dont le dessert se composa de pommes sauvages, où pouvait-on mieux la passer que sur cette poussière végétale, qui couvrait le sol à l’intérieur du séquoia ?

C’est ce qui fut fait sous la garde de la Providence, non sans que Godfrey, en souvenir de l’oncle William W. Kolderup, n’eût donné le nom de Will-Tree à cet arbre gigantesque, dont les similaires des forêts de Californie et des États voisins portent tous le nom de l’un des grands citoyens de la république américaine.



XII

qui se termine juste à point par un superbe et heureux coup de foudre.


Pourquoi ne pas en convenir ? Godfrey était en train de devenir un nouvel homme dans cette situation nouvelle pour lui, si frivole, si léger, si peu réfléchi, alors qu’il n’avait qu’à se laisser vivre. En effet, jamais le souci du lendemain n’avait été pour inquiéter son repos. Dans le trop opulent hôtel de Montgomery-Street, où il dormait ses dix heures sans désemparer, le pli d’une feuille de rose n’avait pas encore troublé son sommeil.

Mais il n’en allait plus être ainsi. Sur cette île inconnue, il se voyait bel et bien séparé du reste du monde, livré à ses seules ressources, obligé de faire face aux nécessités de la vie, dans des conditions où un homme, même beaucoup plus pratique, eût été fort empêché. Sans doute, en ne voyant plus reparaître le Dream, on se mettrait à sa recherche. Mais qu’étaient-ils tous deux ? Moins mille fois qu’une épingle dans une botte de foin, qu’un grain de sable au fond de la mer ! L’incalculable fortune de l’oncle Kolderup n’était pas une réponse à tout !

Aussi, bien qu’il eût trouvé un abri à peu près acceptable, Godfrey n’y