Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
OÙ IL EST PROUVÉ QUE JOHNSON EST UN SAGE.

— Pas davantage, répondit philosophiquement Robert.

Mais Thompson voulait être rassuré.

— Enfin, pensez-vous, monsieur le Professeur, dit-il encore, que de pareilles catastrophes puissent de nouveau se produire ?

— Ma foi, monsieur, je n’en sais absolument rien, répondit Robert en souriant. Il est certain qu’aux Açores comme ailleurs l’activité volcanique a une grande tendance à décroître. Cependant…

Robert n’eut pas le temps d’achever. Comme si le sol eût subitement manqué sous leurs pieds, hommes et animaux furent renversés en un amas confus. Personne heureusement n’avait le moindre mal. En un instant tous furent debout.

— Voilà la réponse, » dit Robert à Thompson.

Mais, tout à coup, l’un des guides poussa un cri terrible, en étendant le bras vers la crête, puis, ce cri lancé, s’enfuit à toutes jambes vers la vallée, comme affolé par l’épouvante.

Un effroyable danger menaçait en effet les touristes. À moins de cent mètres, directement au-dessus d’eux, le sol était travaillé par de terrifiantes convulsions. Au milieu de grondements, de rugissements pareils à ceux de cent ménageries de fauves, il se soulevait comme la mer, entrechoquant ses lourdes vagues de sable. Déjà le soleil se cachait derrière un opaque nuage de poussière.

Les malheureux voyageurs étaient à ce moment engagés entre deux énormes rochers, dont les parois à pic formaient une sorte de couloir large de cinq cents mètres environ sur une longueur à peu près égale. À la suite de leurs guides, ils se précipitèrent vers le rocher de droite, à l’abri d’un pan énorme, dont la saillie pourrait peut-être les sauver.

Il était temps.

Avec un horrible déchirement, les terres désunies prirent leur élan sur la pente. Un morceau de montagne s’écroulait, tombait. Faible d’abord, la vitesse de l’avalanche s’accéléra de mètre en mètre, devint vertigineuse. Le vacarme se fit assourdissant.