Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
L’AGENCE THOMPSON AND Co.

Quand Blockhead sortit de son étuve, peut-être n’était-il pas guéri, mais du moins il était cuit indubitablement. Congestionné, la sueur tombant de son visage en ruisseaux sur le sol, il reparut dans un état lamentable.

Son supplice n’était pas fini, cependant. Sur l’indication de don Hygino, les touristes se réunirent près d’une autre source, à une dizaine de mètres de la première. Plus farouche encore, cette deuxième source, qui a reçu le nom de Pedro Botelho, bouillonne au fond d’une sorte de caverne, que les indigènes croient fermement être une des bouches de l’enfer. Le fait est que, au fond de cette caverne, l’eau invisible siffle d’une manière effrayante, tandis que s’écoule au dehors une énorme quantité de boue savonneuse, sur laquelle comptait don Hygino pour achever la guérison de son malade.

Par son ordre, Blockhead, ayant quitté ses vêtements, fut plongé à de nombreuses reprises dans cette boue, dont la température atteint au moins quarante-cinq degrés centigrades. Le malheureux Blockhead n’en pouvait littéralement plus, et bientôt il se mit à pousser de véritables hurlements, couverts par les bruyants éclats de rire de ses peu charitables compagnons.

Mais, à ces cris, à ces rires, un grondement effroyable répond. De la caverne, une épaisse fumée s’échappe, sillonnée de menaçantes langues de feu, tandis qu’une gerbe d’eau s’élève dans les airs, et retombe en pluie brûlante sur les audacieux visiteurs.

Terrifiés, ceux-ci avaient fui. Pour leur rendre courage, il fallut l’assurance des guides que ce phénomène se produisait souvent et avec d’autant plus de violence que le bruit fait aux environs de la source était lui-même plus grand, sans que personne ait jamais pu en donner une explication acceptable.

Quant à Blockhead, il avait profité de la panique pour fuir son bain de boue. Déjà, il se roulait dans la Ribeira-Quente, dont les eaux, plus que tièdes cependant, lui paraissaient délicieusement glacées.

Maintenant, le remède indiqué par don Hygino a-t-il réelle-