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KÉRABAN-LE-TÊTU.

dans la muraille, on se rendait compte de ce que pouvaient être, à cinquante pieds au-dessus du toit, les violences de la bourrasque. Le phare résisterait-il à cet assaut, le feu continuerait-il à éclairer les passes d’Atina, où la mer devait être démontée, il y avait doute à cela, un doute plein d’éventualités des plus graves. Il était alors onze heures et demie du soir.

« Il n’est pas possible de dormir ici ! dit Kéraban, qui se leva et parcourut à petits pas la salle commune.

— Non, répondit Ahmet, et si la fureur de l’ouragan augmente encore, il y a lieu de craindre pour cette maisonnette ! Je pense donc qu’il est bon de nous tenir prêts à tout événement !

— Est-ce que vous dormez, Van Mitten, est-ce que vous pouvez dormir ? » demanda Kéraban.

Et il alla secouer son ami.

« Je sommeillais, répondit Van Mitten.

— Voilà ce que peuvent les natures placides ! Là où personne ne saurait prendre un instant de repos, un Hollandais trouve encore le moment de sommeiller !

— Je n’ai jamais vu pareille nuit ! dit l’un des gardiens. Le vent bat en côte, et qui sait si demain