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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Oui !… s’il y en a assez !… murmura Bruno, dont les dents s’allongeaient sous la surexcitation d’une véritable fringale.

— Passez dans l’autre chambre, répondit le gardien. Ce qui est sur la table est à votre disposition !

— Et Bruno nous servira, répondit Kéraban, tandis que Nizib ira aider le postillon à remiser le moins mal possible, à l’abri du vent, notre araba et son équipage ! »

Sur un signe de son maître, Nizib sortit aussitôt, afin de tout disposer pour le mieux.

En même temps, le seigneur Kéraban, Van Mitten et Ahmet, suivis de Bruno, entraient dans la seconde chambre et prenaient place devant un foyer de bois flambant, près d’une petite table. Là, dans des plats grossiers se trouvaient quelques restes de viande froide, auxquels les voyageurs affamés firent honneur. Bruno, les regardant manger si avidement, semblait même penser qu’ils leur en faisaient trop.

« Et mais il ne faut pas oublier Bruno ni Nizib ! fit observer Van Mitten, après un quart d’heure d’un travail de mastication que le serviteur du digne Hollandais trouva interminable.