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KÉRABAN-LE-TÊTU.

répondre. Il se borna donc à demander à son peu endurant compagnon s’il comptait rester soit à Atina, soit même à Trébizonde, au cas où le mauvais temps rendrait le voyage trop difficile.

« Difficile ne veut pas dire impossible, n’est-ce pas ? répondit Kéraban, et comme j’entends être arrivé à Scutari pour la fin du mois, nous continuerons notre route, quand bien même tous les éléments seraient conjurés contre nous ! »

Van Mitten fit appel alors à tout son courage, et formula, non sans une évidente hésitation dans la voix, sa fameuse proposition.

« Eh bien, ami Kéraban, dit-il, si cela ne vous contrarie pas trop, je vous demanderai, pour Bruno et pour moi, la permission… oui… la permission de rester à Atina.

— Vous me demandez la permission de rester à Atina ?… répondit Kéraban en scandant chaque syllabe.

— Oui… la permission… l’autorisation, … car je ne voudrais rien faire sans votre aveu… de… de…

— De nous séparer, n’est-ce pas ?

— Oh ! temporairement… très temporairement !… se hâta d’ajouter Van Mitten. Nous sommes bien fatigués, Bruno et moi ! Nous préférerions