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KÉRABAN-LE-TÊTU.

C’était le chef de police, — celui-là même dont le défi avait lancé le seigneur Kéraban dans ce voyage autour de la mer Noire, — qui lui adressait la parole.

« Ah ! c’est vous, monsieur ? répondit Ahmet.

— Oui… et tous nos compliments, en vérité ! Je viens d’apprendre que le seigneur Kéraban a réussi à tenir sa promesse ! Il vient d’arriver à Scutari, sans avoir traversé le Bosphore !

— En effet ! répliqua Ahmet d’un ton assez sec.

— C’est héroïque ! Pour ne pas payer dix paras, il lui en aura coûté quelques milliers de livres !

— Comme vous dites !

— Eh ! le voilà bien avancé, le seigneur Kéraban ! répondit ironiquement le chef de police. La taxe existe toujours, et, pour peu qu’il persiste encore dans son entêtement, il sera forcé de reprendre le même chemin pour revenir à Constantinople !

— Si cela lui plaît, il le fera ! riposta Ahmet, qui, tout furieux qu’il fût contre son oncle, n’était pas d’humeur à écouter, sans y répondre, les moqueuses observations du chef de police.

— Bah ! il finira par céder, reprit celui-ci, et il traversera le Bosphore !… Mais les préposés guet-