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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« La mer !… C’est la mer ! » s’écria Ahmet !

Et tous de répéter avec lui :

« La mer !… La mer ! »

Et, bien que ce ne fût qu’un effet de mirage, la mer n’en était pas moins là, à quelques lieues à peine.

« La mer !… La mer !… ne cessait de répéter le seigneur Kéraban. Mais, si ce n’est pas le Bosphore, si ce n’est pas Scutari, nous sommes au dernier jour du mois, et…

— C’est le Bosphore !… C’est Scutari !… » s’écria Ahmet.

Le phénomène venait de s’accentuer, et, maintenant, toute la silhouette d’une ville, bâtie en amphithéâtre, se découpait sur les derniers plans de l’horizon.

« Par Allah ! c’est Scutari ! répéta Kéraban. Voilà son panorama qui domine le détroit !… Voilà la mosquée de Buyuk Djami ! »

Et, en effet, c’était bien Scutari, que Sélim venait de quitter trois heures auparavant.

« En route, en route ! » s’écria Kéraban.

Et, comme un bon Musulman qui, en toutes choses, reconnaît la grandeur de Dieu :

« Ilah il Allah ! » ajouta-t-il en se tournant vers le soleil levant.