Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.

227
KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Pauvre monsieur Van Mitten ! répétait-elle à Bruno. Voilà pourtant où l’a mené son dévouement pour nous !

— Et sa platitude envers le seigneur Kéraban ! répondait Bruno, qui ne pouvait pardonner à son maître une condescendance poussée à ce degré de faiblesse.

— Eh ! dit Nedjeb, cela prouve, au moins, que monsieur Van Mitten a un cœur bon et généreux !

— Trop généreux ! répliqua Bruno. Au surplus, depuis que mon maître a consenti à suivre le seigneur Kéraban en un pareil voyage, je n’ai cessé de lui répéter qu’il lui arriverait malheur tôt ou tard ! Mais un malheur pareil ! Devenir le fiancé, ne fût-ce que pour quelques jours, de cette Kurde endiablée ! Jamais je n’aurais pu imaginer cela… non ! jamais ! La première madame Van Mitten était une colombe en comparaison de la seconde. »

Cependant, le Hollandais s’était assis à une autre place, toujours flanqué de ses deux garde-du-corps, lorsque Bruno vint lui offrir quelque nourriture ; mais Van Mitten ne se sentait pas en appétit.

« Vous ne mangez pas, seigneur Van Mitten ? lui dit Saraboul, qui le regardait entre les deux yeux.