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KÉRABAN-LE-TÊTU.

humeur, comme quelqu’un à qui tout réussit, mais, suivant son habitude, sa joie s’épanchait en propos plaisants, lesquels visaient plus directement son ami Van Mitten. Oui ! il était ainsi fait, que l’aventure matrimoniale arrivée à ce pauvre homme, — par dévouement pour lui et les siens, — ne cessait guère d’exciter sa verve caustique ! Dans douze heures, il est vrai, cette histoire aurait pris fin et Van Mitten n’entendrait plus parler ni du frère ni de la sœur kurdes ! De là, une sorte de raison que Kéraban se donnait à lui-même pour ne point se gêner à l’égard de son compagnon de voyage.

« Eh bien, Van Mitten, cela va bien, n’est-ce pas ? dit-il en se frottant les mains. Vous voilà au comble de vos vœux !… De bons amis vous font cortège !… Une aimable femme, qui s’est heureusement rencontrée sur votre route, vous accompagne !… Allah n’aurait pu faire davantage pour vous, quand bien même vous eussiez été l’un de ses plus fidèles croyants. »

Le Hollandais regarda son ami en allongeant quelque peu les lèvres, mais sans répondre.

« Eh bien, vous vous taisez ? dit Yanar.

— Non !… Je parle… je parle en dedans !