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KÉRABAN-LE-TÊTU.

repris sa place sous le hangar. Mais n’était-ce pas un signal, un signal attendu, ce feu qui a paru un instant au ras de l’horizon dans l’ouest ? »

Et alors un fait, dont il n’avait pas d’abord tenu compte, se représenta obstinément à l’esprit d’Ahmet. Il se rappela très nettement que, tandis que le guide se tenait debout sur un exhaussement du sol, un feu avait brillé au loin, puis jeté trois éclats distincts à de courts intervalles, avant de disparaître. Or, ce feu, Ahmet l’avait tout d’abord pris pour un feu de pâtre ? Maintenant, dans le silence de la solitude, sous l’impression particulière que donne cette torpeur qui n’est pas du sommeil, il réfléchissait, il le revoyait, ce feu, et il en faisait un signal avec une conviction qui allait au delà d’un simple pressentiment.

« Oui, se dit-il, ce guide nous trahit, c’est évident ! Il agit dans l’intérêt de quelque personnage puissant… »

Lequel ? Ahmet ne pouvait le nommer ! Mais, il le pressentait, cette trahison devait se rattacher à l’enlèvement d’Amasia. Arrachée aux mains de ceux qui avaient commis le rapt d’Odessa, était-elle menacée de nouveaux périls, et maintenant, à quelques journées de marche de Scutari, ne fal-