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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ouverte dont les manches se déroulaient jusqu’à terre, et ce fez, orné de « yéminis », et ce « puskul », dont la grosseur invraisemblable indiquait le rang qu’allait bientôt occuper au Kurdistan l’époux de la noble Saraboul ?

Le grand bazar de Trébizonde avait fourni tous ces ajustements, qui, faits sur mesure, n’auraient pas plus élégamment vêtu Van Mitten. Il avait procuré aussi ces armes merveilleuses, dont le fiancé portait tout un arsenal au châle brodé, soutaché, passementé, qui lui serrait la taille : poignards damasquinés, avec manche en jade vert et lame en damas à double tranchant, pistolets à crosse d’argent gravés comme un collier d’idole, sabre à lame courte, au tranchant taillé en dents de scie avec poignée noire ornée d’un quadrillé en argent et pommeau à rondelle, et enfin une arme d’hast en acier avec reliefs en méplat gravés et dorés et finissant en lame ondulée comme le fer des anciens fauchards !

Ah ! le Kurdistan peut sans crainte déclarer la guerre à la Turquie ! Ce ne sont pas de pareils guerriers que les armées du Padischah pourront jamais vaincre ! Pauvre Van Mitten, qui eût dit qu’un jour tu aurais été affublé de la sorte ! Heu-