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KÉRABAN-LE-TÊTU.

qui fait un service régulier de Poti à Odessa, devait l’emporter le lendemain. Donc, avant quarante-huit heures, elle serait arrivée à destination, ouverte, lue jusqu’entre les lignes, et peut-être pressée sur un cœur dont Ahmet croyait bien entendre les battements à l’autre bout de la mer Noire. Le fait est que les deux fiancés se trouvaient alors au plus loin l’un de l’autre, c’est-à-dire aux deux extrémités du grand axe d’une ellipse dont l’intraitable obstination de son oncle obligeait Ahmet à suivre la courbe !

Et tandis qu’il écrivait ainsi pour rassurer, pour consoler Amasia, que faisait Van Mitten ?

Van Mitten, après avoir dîné à l’hôtel, se promenait en curieux dans les rues de Poti, sous les arbres du Jardin Central, le long des quais du port et des jetées, dont la construction s’achevait alors. Mais il était seul. Bruno, cette fois, ne l’avait point accompagné.

Et pourquoi Bruno ne marchait-il pas auprès de son maître, quitte à lui faire de respectueuses mais justes observations sur les complications du présent et les menaces de l’avenir ?

C’est que Bruno avait eu une idée. S’il n’y avait à Poti ni berline ni chaise de poste, il s’y trouverait