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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Qu’Allah vous protège, seigneur ! répondit le regardant époux de l’hôtelière, mais, ces drogues, qu’est-ce qu’elles pourront bien me coûter ?

— Une vingtaine de piastres, répondit Kéraban.

— Une vingtaine de piastres ! s’écria l’hôtelier. Eh ! pour ce prix là, j’aurais de quoi m’acheter une autre femme ! »

Et il s’en alla, non sans remercier ses hôtes de leurs bons conseils, dont il entendait bien ne point profiter.

« Voilà un mari pratique ! dit Kéraban. Vous auriez dû vous marier dans ce pays-ci, ami Van Mitten !

— Peut-être ! » répondit le Hollandais.

À cinq heures du soir, les voyageurs faisaient halte pour dîner à la bourgade de Surmenèh. Ils en repartaient à six, dans l’intention d’atteindre Trébizonde avant la fin du crépuscule. Mais il y eut quelque retard : une des roues de l’araba vint à se rompre à deux lieues de la ville, vers les neuf heures du soir. Force fut donc d’aller passer la nuit dans un caravansérail, élevé sur la route, — caravansérail bien connu des voyageurs qui fréquentent cette partie de l’Asie Mineure.