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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Ce n’est pas fini !… » murmura Bruno à l’oreille de son maître, comme un mauvais augure chargé de rappeler aux humains l’instabilité des choses humaines !

La caravane quitta le khan à sept heures du matin. Le temps s’améliorait de plus en plus, avec un beau ciel, mêlé de quelques brumes matinales que le soleil allait dissiper.

À midi, on s’arrêtait à la petite bourgade d’Of, sur l’Ophis des anciens, où se retrouve l’origine des grandes familles de la Grèce. On y déjeuna dans une modeste auberge, en utilisant les provisions que portait l’araba et qui touchaient à leur fin.

Au surplus, l’aubergiste n’avait guère la tête à lui, et, de s’occuper de ses clients, ce n’était point ce qui l’inquiétait alors. Non ! sa femme était gravement malade, à ce brave homme, et il n’y avait point de médecin dans le pays. Or, en faire venir un de Trébizonde, c’eût été bien cher pour un pauvre hôtelier !

Il s’ensuivit donc que le seigneur Kéraban, aidé en cela par son ami Van Mitten, crut devoir faire l’office de « hakim » ou docteur, et prescrivit quelques drogues très simples, qu’il serait facile de trouver à Trébizonde.