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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ratifs de départ ! Il n’y a pas une heure à perdre !

— Voici, ami Kéraban : Gagnons un des ports les plus rapprochés de Constantinople sur la mer Noire, frétons un bateau à vapeur…

— Un bateau à vapeur ! s’écria le seigneur Kéraban, que ce mot « vapeur » avait le don de mettre hors de lui.

— Non… un bateau… un simple bateau à voile, s’empressa d’ajouter Van Mitten, un chébec, une tartane, une caravelle, et faisons route pour un des ports de l’Anatolie, Kirpih, par exemple ! Une fois sur ce point du littoral, en un jour, nous arriverons tranquillement par terre à Scutari, où nous boirons ironiquement à la santé du Muchir ! »

Le seigneur Kéraban avait laissé parler son ami sans l’interrompre. Peut-être celui-ci se figurait-il déjà qu’on allait faire bon accueil à sa proposition, très acceptable d’ailleurs, et qui sauvegardait toutes les questions d’amour-propre.

Mais, à l’énoncé de cette proposition, l’œil du seigneur Kéraban s’anima, ses doigts se replièrent et se déplièrent successivement, et, de ses deux mains tout à l’heure ouvertes, il fit deux poings d’un aspect que Nizib aurait trouvé peu rassurant.

« Ainsi, Van Mitten, dit-il, ce que vous me con-