Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

58
KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Vous payerez dix paras.

— Et comme je traverse le Bosphore, matin et soir ?…

— Cela vous fera vingt paras par jour, répondit le chef de police. Une bagatelle pour le riche Kéraban !

— Vraiment ?

— Mon maître va se mettre une mauvaise affaire sur le dos ! murmura Nizib à Bruno.

— Il faudra bien qu’il cède !

— Lui ! Vous ne le connaissez guère ! »

Le seigneur Kéraban, qui venait de se croiser les bras, regarda bien en face le chef de police, les yeux dans les yeux, et, d’une voix sifflante, où l’irritation commençait à percer :

« Eh bien, voici mon caïdji qui vient m’avertir que son caïque est à ma disposition, dit-il, et comme j’emmène avec moi mon ami, monsieur Van Mitten, son domestique et le mien…

— Cela fera quarante paras, répondit le maître de police. Je répète que vous avez le moyen de payer !

— Que j’aie le moyen de payer quarante paras, reprit Kéraban, et cent, et mille, et cent mille, et cinq cent mille, c’est possible, mais je ne payerai rien et je passerai tout de même !