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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Vous verrez, reprit le seigneur Kéraban, vous verrez quelle charmante habitation je me suis construite, sous les noirs cyprès, à mi-colline de Scutari, avec la vue du Bosphore et tout le panorama de Constantinople ! Ah ! la vraie Turquie est toujours sur cette côte asiatique ! Ici, c’est l’Europe, mais là-bas, c’est l’Asie, et nos progressistes en redingote ne sont pas près d’y faire passer leurs idées ! Elles se noieraient en traversant le Bosphore ! Ainsi, nous dînons ensemble !

— Vous faites de moi ce que vous voulez !

— Et il faut vous laisser faire ! » répondit Kéraban.

Puis, se retournant :

« Où donc est Nizib ? — Nizib !… Nizib !… »

Nizib, qui se promenait avec Bruno, entendit la voix de son maître, et tous deux accoururent.

« Eh bien, demanda Kéraban, ce caïdji, il n’arrivera donc pas avec son caïque ?

— Avec son caïque ?… répondit Nizib.

— Je le ferai bâtonner, bien sûr ! s’écria Kéraban ! Oui, cent coups de bâton !

— Oh ! fit Van Mitten.

— Cinq cents !

— Oh ! fit Bruno.