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KÉRABAN-LE-TÊTU.

En même temps, des grondements sourds couraient à travers les marnes du sol. La terre allait-elle donc s’entr’ouvrir et se changer en un cratère sous la poussée d’un trop-plein de matières éruptives ?

Il y avait là un danger imminent. Instinctivement, le seigneur Kéraban et ses compagnons s’étaient écartés les uns des autres, afin de diminuer les chances d’un engloutissement commun. Mais il ne fallait pas s’arrêter. Il fallait marcher rapidement. Il importait de traverser au plus vite cette zone dangereuse. La route, bien éclairée, semblait être praticable. Tout en sinuant au milieu des cônes, elle traversait cette steppe en feu.

« En avant ! en avant ! » criait Ahmet.

On ne lui répondait pas, mais on lui obéissait. Chacun s’élançait dans la direction de la chaise de poste, qu’on ne pouvait plus apercevoir. Au delà de l’horizon, il semblait que l’obscurité de la nuit se refaisait sur cette partie de la steppe… Là était donc la limite de cette région des cônes qu’il fallait dépasser.

Tout à coup, une plus vive explosion éclata sur la route même. Un jet de feu avait jailli d’une