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KÉRABAN-LE-TÊTU.

core mieux notre bonne cité de Rotterdam et le ciel gris de notre vieille Hollande !

— Patience, Bruno, patience ! répondit le calme Van Mitten. Nous ne sommes encore arrivés que depuis quelques heures ! Cependant, je l’avoue, ce n’est point là cette Constantinople que j’avais rêvée ! On s’imagine qu’on va entrer en plein Orient, plonger dans un songe des Mille et une Nuits, et on se trouve emprisonné au fond…

— D’un immense couvent, répondit Bruno, au milieu de gens tristes comme des moines cloîtrés !

— Mon ami Kéraban nous expliquera ce que tout cela signifie ! répondit Van Mitten.

— Mais où sommes-nous en ce moment ? demanda Bruno. Quelle est cette place ? Quel est ce quai ?

— Si je ne me trompe, répondit Van Mitten, nous sommes sur la place de Top-Hané, à l’extrémité même de la Corne-d’Or. Voici le Bosphore qui baigne la côte d’Asie, et de l’autre côté du port, tu peux apercevoir la pointe du Sérail et la ville turque qui s’étage au-dessus.

— Le sérail ! s’écria Bruno. Quoi ! c’est là le palais du Sultan, où il demeure avec ses quatre-vingt mille odalisques !