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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Seigneur Kéraban, répondit Bruno, directement interpellé, je regarde cette idée comme une des meilleures que vous ayez jamais eues, surtout si un bon souper nous prépare à bien dormir ! »

L’observation de Bruno venait très à propos. Les provisions de la chaise étaient presque épuisées. Ce qui en restait, dans les coffres, il importait de n’y point toucher, avant d’être arrivé à Kertsch, ville importante de la presqu’île de ce nom, où elles pourraient être abondamment renouvelées.

Malheureusement, si les lits de l’auberge d’Arabat étaient à peu près convenables, même pour des voyageurs de cette importance, l’office laissait à désirer. Ils ne sont pas nombreux, les touristes qui, n’importe à quelle époque de l’année, s’aventurent vers les extrêmes confins de la Tauride. Quelques marchands ou négociants sauniers, dont les chevaux ou les charrettes fréquentent la route de Kertsch à Pérékop, tels sont les principaux chalands de l’auberge d’Arabat, gens peu difficiles, sachant coucher à la dure et manger ce qui se rencontre.

Le seigneur Kéraban et ses compagnons durent donc se contenter d’un assez maigre menu, c’est-à-