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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ravisé, mon digne oncle ! Il a abandonné son comptoir, ses affaires, brusquement, sans prévenir !… C’est une surprise qu’il a voulu nous faire !

— Comme il va être reçu ! s’écria Nedjeb, et quel bon accueil l’attend ici !

— Et son exprès ne vous a rien dit de ce qui l’amène, mon père ? demanda Amasia.

— Rien, répondit Sélim. Cet homme a pris un cheval à la maison de poste de Majaki, où la voiture de mon ami Kéraban s’était arrêtée pour relayer. Il est arrivé au comptoir, afin de m’annoncer que mon ami Kéraban viendrait directement ici, sans s’arrêter à Odessa, et par conséquent, d’un instant à l’autre, mon ami Kéraban va apparaître ! »

Si l’ami Kéraban pour le banquier Sélim, l’oncle Kéraban pour Amasia et Ahmet, le seigneur Kéraban pour Nedjeb, fut « par contumace » salué en cet instant des qualifications les plus aimables, il est inutile d’y insister. Cette arrivée, c’était la célébration du mariage à bref délai ! C’était le bonheur des fiancés à courte échéance ! L’union tant souhaitée n’attendrait même plus le délai fatal pour s’accomplir ! Ah ! si le seigneur Kéraban était le plus entêté, c’était aussi le meilleur des hommes !

Yarhud, impassible, assistait à toute cette scène