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KÉRABAN-LE-TÊTU.

eût voulu le retenir. Je souffrirais plus de votre absence que je ne me réjouirais de quelques jours gagnés pour notre mariage ! Non ! restez ! Qui sait si quelque circonstance ne changera pas les idées de votre oncle ?

— Changer les idées de l’oncle Kéraban ! répondit Ahmet. Autant vaudrait essayer de changer le cours des astres, faire lever la lune à la place du soleil, modifier les lois du ciel !

— Ah ! si j’étais sa nièce ! dit Nedjeb.

— Et que ferais-tu, si tu étais sa nièce ? demanda Ahmet.

— Moi !… J’irais si bien le saisir par son cafetan, répondit la jeune Zingare, que…

— Que tu déchirerais son cafetan, Nedjeb, et rien de plus !

— Eh bien, je le tirerais si vigoureusement par sa barbe…

— Que sa barbe te resterait dans la main !

— Et pourtant, dit Amasia, le seigneur Kéraban est le meilleur des hommes !

— Sans doute, sans doute, répondit Ahmet, mais tellement entêté, que s’il luttait d’entêtement avec un mulet, ce n’est pas pour le mulet que je parierais ! »