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KÉRABAN-LE-TÊTU.

comprend le tiers de la population musulmane, — ces domestiques ne sont point réduits à l’état de servitude, et il faut dire que, limités chacun dans sa spécialité, ils n’ont pas grand’chose à faire.

C’était un peu sur ce pied qu’était montée la maison du banquier Sélim ; mais Nedjeb, uniquement attachée au service d’Amasia, après avoir été recueillie tout enfant dans cette maison, occupait une situation spéciale, qui ne la soumettait à aucun des services de la domesticité.

Amasia, à demi étendue sur un divan recouvert d’une riche étoffe persane, laissait son regard parcourir la baie du côté d’Odessa.

« Chère maîtresse, dit Nedjeb, en venant s’asseoir sur un coussin aux pieds de la jeune fille, le seigneur Ahmet n’est pas encore ici ? Que fait donc le seigneur Ahmet ?

— Il est allé à la ville, répondit Amasia, et peut-être nous rapportera-t-il une lettre de son oncle Kéraban ?

— Une lettre ! une lettre ! s’écria la jeune suivante. Ce n’est pas une lettre qu’il nous faut, c’est l’oncle lui-même, et, en vérité, l’oncle se fait bien attendre !

— Un peu de patience, Nedjeb !