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KÉRABAN-LE-TÊTU.

dins de l’habitation, Amasia portait une longue chemise de soie de brousse, que recouvrait l’ample chalwar, se rattachant à une petite veste brodée, et une entari à longue traîne de soie, tailladée aux manches et garnie d’une passementerie d’oya, sorte de dentelle exclusivement fabriquée en Turquie. Une ceinture en cachemire lui retenait les pointes de la traîne, de manière à faciliter sa marche. Des boucles d’oreille et une bague étaient ses seuls bijoux. D’élégants padjoubs de velours cachaient le bas de sa jambe, et ses petits pieds disparaissaient dans une chaussure soutachée d’or.

Sa suivante Nedjeb, jeune fille vive, enjouée, sa dévouée compagne, — on pourrait dire presque son amie, — était alors près d’elle, allant, venant, causant, riant, égayant cet intérieur par sa belle humeur franche et communicative.

Nedjeb, d’origine zingare, n’était point une esclave. Si l’on voit encore des Éthiopiens ou des noirs du Soudan mis en vente sur quelques marchés de l’empire, l’esclavage n’en est pas moins aboli, en principe. Bien que le nombre des domestiques soit considérable pour les besoins des grandes familles turques, — nombre qui, à Constantinople,