Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

104
KÉRABAN-LE-TÊTU.

— C’est ainsi que je l’entends, Bruno.

— Mais, au moins, pourrai-je veiller dans le cabriolet ?

— Parfaitement, à la condition de ne point vous y endormir !

— Et comment dormirais-je, au milieu de cet effroyable essaim de moustiques ?

— De cousins, Bruno, répondit Kéraban, de simples cousins !… Ne l’oubliez pas ! »

Sur cette observation, le seigneur Kéraban et Van Mitten remontèrent dans le coupé, laissant à Bruno le soin de veiller à la garde de son maître, ou mieux de ses maîtres. Depuis la rencontre de Kéraban et de Van Mitten, ne pouvait-il se dire qu’il en avait deux ?

Après s’être assuré que les portières de la chaise étaient bien fermées, Bruno visita l’attelage. Les chevaux, épuisés de fatigue, étaient étendus sur le sol, respirant avec bruit, mêlant leur chaude haleine au brouillard de cette plaine marécageuse.

« Le diable ne les tirerait pas de cette ornière ! se dit Bruno. Il faut convenir que le seigneur Kéraban a eu là une fière idée de prendre cette route ! Après tout, cela le regarde ! »

Et Bruno remonta dans le cabriolet, dont il