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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

toujours renouvelé des assaillants. Chefs et soldats, fantassins et cavaliers, Espagnols et Tlascalans sont confondus ; chacun se défend personnellement, sans souci de la discipline et du salut commun.

Tout semblait perdu, lorsque Cortès, avec une centaine d’hommes, parvient à franchir la coupure de la digue sur la masse des cadavres qui l’ont comblée. Il range ses soldats à mesure qu’ils arrivent, et, à la tête de ceux qui sont le moins grièvement blessés, il s’enfonce comme un coin dans la mêlée et parvient à dégager une partie des siens. Avant le jour, tout ce qui avait pu échapper au massacre de cette noche triste, comme fut désignée cette épouvantable nuit, se trouvait réuni à Tacuba. Ce fut les yeux pleins de larmes que Cortès passa la revue de ses derniers soldats, tous couverts de blessures, et qu’il se rendit compte des pertes sensibles qu’il avait essuyées ; 4,000 Indiens, Tlascalans et Cholulans, et presque tous les chevaux, étaient tués ; toute l’artillerie ainsi que les munitions et la plus grande partie des bagages étaient perdus ; plusieurs officiers de distinction, Velasquez de Léon, Salcedo, Morla, Lares et bien d’autres, étaient au nombre des morts ; un des plus dangereusement atteints était Alvarado ; pas un homme, fût-il officier ou soldat, qui n’eût une blessure.

On ne s’attarda pas à Tacuba, et l’on fit route au hasard dans la direction de Tlascala, où l’on ne savait pas d’ailleurs quel accueil on recevrait. Toujours harcelés par les Mexicains, les Espagnols durent encore livrer une grande bataille dans les champs d’Otumba à une