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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Espagnols n’avaient pas encore vu d’exemple dans le nouveau monde.

Mais les armes de ces braves étaient trop primitives. Que pouvaient-ils avec des flèches et des lances armées d’obsidienne ou d’os de poisson, des pieux durcis au feu, des épées de bois, et surtout une tactique insuffisante. Lorsqu’ils s’aperçurent que, dans tous ces combats, qui avaient coûté la vie à un si grand nombre de leurs plus braves guerriers, pas un seul Espagnol n’avait été tué, ils prêtèrent à ces étrangers une nature supérieure, tout en ne sachant quelle opinion se faire d’hommes qui renvoyaient, les mains coupées, les espions surpris dans leur camp, et qui, après chaque victoire, non-seulement ne dévoraient pas les prisonniers comme l’auraient fait les Aztecs, mais encore les relâchaient chargés de présents et demandaient la paix.

Les Tlascalans se reconnurent donc vassaux de l’Espagne, et jurèrent de seconder Cortès dans toutes ses expéditions. De son côté, celui-ci devait les protéger contre leurs ennemis. Il n’était que temps d’ailleurs que la paix fût faite. Beaucoup d’Espagnols étaient blessés ou malades, tous étaient exténués de fatigue. Leur entrée triomphale à Tlascala, où ils furent accueillis comme des êtres surnaturels, ne tarda pas à leur faire oublier leurs souffrances.

Après vingt jours de repos dans cette ville, Cortès reprit sa marche vers Mexico avec une armée auxiliaire de six mille Tlascalans. Il se dirigea d’abord vers Cholula, considérée par les Indiens comme une ville sainte,