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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

quelque temps à Salamanque, il retourna dans sa ville natale, dont le séjour, calme et paisible, ne pouvait longtemps convenir à son bouillant caractère et à son humeur capricieuse. Il partit bientôt pour l’Amérique, comptant, pour avancer, sur la protection de son parent Ovando, gouverneur de l’Española.

À son arrivée, Corlès occupa en effet plusieurs emplois honorables et lucratifs, sans compter qu’entre temps il prenait part aux expéditions dirigées contre les indigènes. Malheureusement, s’il s’initiait ainsi à la tactique indienne, il se familiarisait aussi avec ces actes de cruauté qui ont trop souvent souillé le nom castillan. En 1511, il accompagna Diego de Velasquez dans son expédition de Cuba et s’y distingua tellement, que, malgré certains dissentiments avec son chef, dissentiments complétement élucidés par les auteurs modernes, il reçut en récompense de ses services une large concession de terres et d’Indiens.

En peu d’années, grâce à son existence industrieuse, Cortès avait amassé trois mille castellanos, somme considérable pour sa position. Bien qu’il n’eût jamais, jusqu’alors, commandé en chef, son activité infatigable, qui avait succédé à la fougue désordonnée de la jeunesse, sa prudence bien connue, sa prud’homie, comme on disait autrefois, une grande rapidité de décision, enfin le talent, qu’on lui reconnaissait à un haut degré, de savoir gagner les cœurs par la cordialité de son caractère, telles furent les qualités qu’avaient fait valoir auprès de Velasquez ses deux protecteurs,