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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Pérou, au Chili et sur les bords de l’Atlantique, les choses se passaient autrement. Les Espagnols avaient étendu leurs conquêtes ; mais, loin de travailler comme les Anglais, ils avaient réduit les Indiens en esclavage. Au lieu de s’adonner aux cultures propres à la variété des climats et des contrées dont ils s’étaient emparés, ils ne cherchaient que dans le produit des mines les ressources et la prospérité qu’ils auraient dû demander à la terre. Si un pays peut ainsi parvenir rapidement à une richesse prodigieuse, ce régime tout factice n’a qu’un temps. Avec les mines ne tarde pas à s’épuiser une prospérité qui ne se renouvelle pas. Les Espagnols devaient en faire la triste expérience.

Ainsi donc, à la fin du XVIIe siècle, une grande partie du nouveau monde était connue. Dans l’Amérique du Nord, le Canada, les rivages de l’océan Atlantique et du golfe du Mexique, la vallée du Mississipi, les côtes de la Californie et du Nouveau-Mexique étaient reconnus ou colonisés. Tout le milieu du continent, à partir du Rio-del-Norte jusqu’à la Terre Ferme, était soumis, nominalement du moins, aux Espagnols. Dans le Sud, les savanes et les forêts du Brésil, les pampas de l’Argentine et l’intérieur de la Patagonie se dérobaient encore aux regards des explorateurs. Il devait longtemps encore en être de même.

En Afrique, la longue ligne de côtes qui se déroule sur l’Atlantique et la mer des Indes avait été patiemment suivie et relevée par les navigateurs. En quelques