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LA GRANDE FLIBUSTE

les ans, avec leur chargement de fourrures, de nouvelles informations sur l’intérieur du continent. Ils sont puissamment secondés dans cette dernière tâche par les missionnaires, au premier rang desquels nous devons ranger le père Marquette, que l’étendue de ses courses sur les grands lacs et jusqu’au Mississipi désigne particulièrement à notre reconnaissance. Deux hommes méritent aussi d’être cités, pour les encouragements et les facilités qu’ils donnèrent aux explorateurs ; ce sont M. de Frontenac, le gouverneur de la Nouvelle-France, et l’intendant de justice et de police Talon. En 1678, arriva au Canada, sans but bien déterminé, un jeune homme nommé Cavelier de La Sale. « Il était né à Rouen, dit le P. Charlevoix, d’une famille aisée ; mais, ayant passé quelques années chez les jésuites, il n’avait point eu de part à l’héritage de ses parents. Il avait l’esprit cultivé, il voulait se distinguer et il se sentait assez de génie et de courage pour y réussir. En effet, il ne manqua ni de résolution pour entreprendre, ni de constance pour suivre une affaire, ni de fermeté pour se roidir contre les obstacles, ni de ressource pour réparer ses pertes ; mais il ne sut pas se faire aimer, ni ménager ceux dont il avait besoin, et, dès qu’il eut de l’autorité, il l’exerça avec dureté et avec hauteur. Avec de tels défauts, il ne pouvait pas être heureux, aussi ne le fut-il point. »

Ce portrait du père Charlevoix nous paraît un peu poussé au noir, et il ne nous semble pas qu’il apprécie à sa juste valeur la grande découverte que nous devons