Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
263
LES VOYAGES D’AVENTURES

frappés de cette nécessité. Mais c’est à ces derniers qu’il appartient d’avoir su désigner l’endroit favorable à l’établissement de colonies. Raleigh ne fit que s’associer à ses frères, imiter leur exemple, mais il n’a ni conçu ni commencé, comme on lui en fait beaucoup trop souvent l’honneur, l’exécution de ce fécond projet : la colonisation des rivages américains sur l’Atlantique. Si Raleigh, tout-puissant auprès de la reine Elisabeth, changeante et cependant jalouse dans ses affections, encourage ses frères, s’il dépense lui-même 40,000 livres sterling dans ses tentatives de colonisation, il a cependant bien soin de ne pas quitter l’Angleterre, car la vie de patience et de dévouement du colonisateur ne peut lui convenir. Il abandonne et vend sa patente, en n’oubliant pas de se réserver le cinquième des bénéfices éventuels de la colonie, dès qu’il s’aperçoit de l’inutilité de ses efforts.

En même temps, Raleigh arme des navires contre les possessions espagnoles ; lui-même prend bientôt part à la lutte et aux combats qui sauvèrent l’Angleterre de l’invincible Armada, puis il va soutenir les droits du prieur de Crato au trône de Portugal. C’est peu de temps après son retour en Angleterre qu’il tombe dans la disgrâce de sa royale maîtresse, et qu’après sa sortie de prison, lorsqu’il est enfermé dans son château princier de Sherborne, il conçoit le projet de son voyage en Guyane. Pour lui, c’est une entreprise gigantesque, dont les résultats merveilleux doivent