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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

découvreur, et ce que nous devons dire de lui n’est pas à son avantage. Walter Raleigh, étant resté cinq ans en France à guerroyer contre la Ligue, au milieu de tous ces Gascons qui formaient le fond des armées d’Henri de Navarre, perfectionna dans un tel milieu les habitudes de hâblerie et de mensonge qui lui étaient naturelles. En 1577, après une campagne aux Pays-Bas contre les Espagnols, il rentre en Angleterre et prend un vif intérêt aux questions qui passionnaient ses trois frères utérins, Jean, Onfroy et Adrien Gilbert. À cette époque, l’Angleterre subissait une crise économique très-grave. L’agriculture se transformait. Partout le pacage était substitué au labourage, et le nombre des ouvriers agricoles s’en trouva singulièrement réduit. De là une misère générale, et par cela même un surcroît de population qui ne tarda pas à devenir inquiétant. En même temps, aux longues guerres succède la paix, qui doit durer pendant tout le règne d’Élisabeth, si bien qu’un grand nombre d’aventuriers ne savent plus comment donner satisfaction à leurs goûts pour les émotions violentes. À ce moment, il y a donc nécessité d’une émigration, qui délivre le pays de sa population, qui permette à tous les misérables mourant de faim de subvenir à leur existence dans une terre vierge, et qui accroisse par cela même l’influence et la prospérité de la mère patrie. Tous les bons esprits, qui suivent en Angleterre le mouvement des idées, Hackluyt, Thomas Harriot, Carlyle, Peckham et les frères Gilbert, sont