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LES VOYAGES D’AVENTURES

de la baie Mauritius, et par l’abandon du vice-amiral Claaz, qui s’était, dit-on, rendu plusieurs fois coupable d’insubordination. N’y a-t-il pas, dans ces actes que nous voyons commettre si fréquemment à cette époque par des navigateurs espagnols, anglais et hollandais, un signe des temps ? Ce que nous traiterions aujourd’hui de barbarie épouvantable semblait sans doute une peine relativement douce à ces hommes habitués à faire peu de cas de la vie humaine. Et cependant est-il rien de plus cruel que d’abandonner un homme, sans armes et sans provisions, dans un pays désert ? Le débarquer dans une contrée peuplée de féroces cannibales qui doivent se repaître de sa chair, n’est-ce pas le condamner à une mort horrible ?

Le 29 février 1600, de Noort déboucha dans le Pacifique, après avoir mis quatre-vingt-dix-neuf jours à traverser le détroit. Quinze jours plus tard, une tempête le séparait du Handrik-Fredrick, dont on n’entendit plus jamais parler. Pour lui, resté seul avec un yacht, il relâcha à l’île de la Mocha, et, contrairement à ses devanciers, fut bien accueilli par les naturels. Puis, il longea la côte du Chili, où il put se procurer des vivres en abondance en échange de couteaux de Nuremberg, de cognées, de chemises, de chapeaux et d’autres objets sans grande valeur. Après avoir ravagé, pillé et brûlé nombre de villes sur cette côte et sur celle du Pérou, après avoir coulé tous les bâtiments qu’il rencontra et ramassé un butin considérable, de Noort, apprenant qu’une escadre sous les ordres du