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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

Fenton, Beste et Filpot, trois bâtiments qui prendraient chargement de pierres aurifères. Ces cent hommes furent soigneusement choisis ; c’étaient des boulangers, des charpentiers, des maçons, des raffineurs d’or et autres appartenant à tous les corps de métiers. La flotte se composait de quinze vaisseaux, qui appareillèrent d’Harwich, le 31 mai 1578. Vingt jours après, les côtes du Frisland occidental furent découvertes. Les baleines, en troupes innombrables, se jouaient autour des navires. On raconte même qu’un des bâtiments poussé par un bon vent, donna si fort contre une baleine, que la violence du choc l’arrêta subitement, et que celle-ci, après avoir jeté un grand cri, aurait fait un saut hors de l’eau et se serait enfoncée subitement. Deux jours plus tard, la flotte rencontra une baleine morte qu’on crut être celle qui avait été frappée par la Salamandre. Lorsque Frobisher se présenta à l’entrée du détroit qui avait reçu son nom, il le trouva encombré de glaces flottantes. La barque Dennis de cent tonnes, dit la vieille relation de Georges Beste, « reçut d’un écueil de glace un tel choc qu’elle coula à pic en vue de toute la flotte. » À la suite de cette catastrophe, « soudain une horrible tempête s’éleva du S.-E., les bâtiments furent entourés de tous côtés par la glace, ils en laissèrent beaucoup derrière eux, à travers laquelle ils purent passer, en trouvèrent encore plus devant eux, qu’il leur fut impossible de traverser. Certains, soit qu’ils aient trouvé un endroit moins encombré de glaces et rencontré une