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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

tant son corps et ses membres d’une merveilleuse sorte, ce qui est une cérémonie de joie et assurance. Et lorsqu’il fut arrivé à la nef générale, où étaient les deux Indiens ramenés de France, ledit seigneur parla à eux, et eux à lui. Et ils commencèrent à lui conter ce qu’ils avaient vu en France, et le bon traitement qui leur avait été fait, de quoi fut ledit seigneur fort joyeux et pria le capitaine de lui bailler ses bras pour les baiser et accoler, ce qui est leur mode de faire chère en ladite terre. Le pays de Stadaconé ou de Saint-Charles est fertile et plein de bien beaux arbres de la nature et sorte de France, comme chênes, ormes, pruniers, ifs, cèdres, vignes, aubépines, qui portent des fruits aussi gros que des prunes de dame, et autres arbres, sous lesquels croît aussi bon chanvre que celui de France. » Cartier parvint ensuite, avec ses barques et son galion, jusqu’à un endroit qui est le Richelieu d’aujourd’hui, puis jusqu’à un grand lac formé par le fleuve, le lac Saint-Pierre, et arriva enfin à Hochelaga ou Montréal, c’est-à-dire à deux cent dix lieues de l’embouchure du Saint-Laurent. En ce lieu sont « terres labourées et belles grandes campagnes pleines de blé de leurs terres, qui est comme mil de Brésil, aussi gros ou plus que pois, duquel ils vivent ainsi que nous faisons du froment. Et parmi ces campagnes est située et assise la dite ville de Hochelaga près et joignant une montagne qui est alentour d’elle, bien labourée et fort petite, de dessus laquelle on voit fort loin. Nous nommâmes cette montagne le Mont-Royal. »