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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

successivement les îles de Cenalo, Huinaugan, Ibusson et Abarien, ainsi qu’une autre île appelée Massava, dont le roi, Colambu, put se faire comprendre d’un esclave natif de Sumatra que Magellan avait ramené de l’Inde en Europe, et qui, par sa connaissance du malais, rendit en plusieurs circonstances de signalés services. Le roi monta à bord avec six ou huit de ses principaux sujets. Il apportait au capitaine général quelques présents en échange desquels il reçut une veste de drap rouge et jaune faite à la turque, un bonnet de fin écarlate, tandis que des miroirs et des couteaux étaient donnés aux gens de sa suite. On lui fit voir toutes les armes à feu, et on tira devant lui quelques coups de canon dont il fut fort épouvanté. « Puis Magellan, dit Pigafetta, fit armer de toutes pièces un d’entre nous et chargea trois hommes de lui donner des coups d’épée et de stylet, pour montrer au roi que rien ne pouvait blesser un homme armé de cette manière, ce qui le surprit beaucoup ; et, se tournant vers l’interprète, il dit par son moyen au capitaine qu’un homme armé de cette façon pouvait combattre contre cent. — Oui, répondit l’interprète au nom du commandant, et chacun des trois vaisseaux a deux cents hommes armés de cette façon. » Le roi, étonné de tout ce qu’il avait vu, prit congé du capitaine en le priant d’envoyer avec lui deux des siens pour leur faire voir quelques particularités de l’île. Pigafetta fut désigné et n’eut qu’à se louer de l’accueil qui lui fut fait. Le roi lui dit « qu’on trouvait dans son île des morceaux d’or gros comme des noix